Etre heureux avant d’être vieux…
Dans son tube Quand on arrive en ville, extrait de la comédie musicale Starmania, le chanteur Daniel Balavoine se fait le porte-parole d’une partie de la jeunesse : « Nous tout c’qu’on veut, c’est être heureux ; être heureux avant d’être vieux. On a pas l’temps d’attendre d’avoir 30 ans. »
Quel est ce bonheur après lequel courent les jeunes jusqu’à prendre tous les risques et compromettre leur présent et leur avenir ? Tout d’abord, la découverte de leur liberté avec une multiplicité d’options qui s’offrent à eux pour leurs vies présente et à venir. Soif d’appartenance à un groupe où ils se sentent bien, acceptés, intégrés et dans lequel ils peuvent grandir et faire de nouvelles expériences. Certaines plutôt ludiques, sportives et culturelles (cinéma, boites de nuit, sports individuels ou collectifs, groupes de musique ou chorales, activités artistiques, etc). D’autres plus tournées sur le partage de valeurs religieuses, sociales, humanitaires, citoyennes (pèlerinages, scoutisme, bénévolat, adhésion à des associations, à des partis politiques, etc). Recherche de plaisirs immédiats avec la consommation de substances addictives qui font planer, voyager, qui aident à calmer l’anxiété, la douleur physique ou morale, à échapper à un vécu difficile ou vide de sens, de perspectives d’avenir, qui augmentent les performances cognitives, physiques, sexuelles mais juste pour un temps… Recherche de sensations fortes dans la pratique de sports extrêmes, de loisirs à risque pour se shooter à la dopamine, se sentir libre et en vie, être en permanence sur le fil du rasoir, jouer à la roulette russe avec sa vie… Mais toujours avec la même soif de prouver qu’ils existent par eux-mêmes, ne sont plus le prolongement de leurs parents et font maintenant ce qu’ils veulent comme ils veulent. Eh oui, « Nous tout c’qu’on veut, c’est être heureux ; être heureux avant d’être vieux. On a pas l’temps d’attendre d’avoir 30 ans. »
En somme, un bonheur souvent tendu vers la satisfaction des besoins du moment, la capture d’instants de plaisirs volés au temps qui passe, la recherche de paradis artificiels à défaut d’en espérer un réel. Peu importe demain, il sera toujours temps d’y penser à demain. Triste et sombre réalité de jeunes qui ont du mal à se projeter tant l’avenir leur semble bouché, la vie dénuée de sens. Une jeunesse qui s’est habituée à tout, désabusée, sans illusion, sans repère et qui aurait bien besoin d’une recette du bonheur.
A notre monde en quête d’espérance, le Seigneur Jésus livre le secret du vrai bonheur dans le passage suivant du sermon sur la montagne, les Béatitudes : « Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. » Mt 5, 1-12 .
Tout un programme de vie certes pas toujours facile à mettre en pratique mais qui interpelle et attire le disciple qui veut suivre son Maître et Seigneur qui affirme que là est la voie du bonheur. Jésus a vécu en sa personne ces 8 béatitudes. Lui le pauvre de cœur qui bien que de nature divine s’est abaissé et a vécu notre condition humaine ; Lui qui a compati à la souffrance de la veuve qui venait de perdre son fils unique (Lc 7, 12-16), a pleuré la mort de son ami Lazare (Jn 11, 32-35), a pleuré à deux reprises sur Jérusalem (Lc 13, 34-35 et Lc 19, 35-47, a versé des larmes de sang au jardin des Oliviers (Lc 22, 44) ; Lui qui est doux et humble de cœur et nous invite à prendre sur nous son joug (Mt 11, 28-30), Lui l’assoiffé de justice qui ne manquait pas de dénoncer les incohérences des pharisiens, des scribes et docteurs de la Loi ; Lui le miséricordieux, le bon Berger qui part à la recherche de la seule brebis égarée, venu pour les malades non pour les bien portants, qui ne condamne pas la femme adultère mais l’exhorte de ne plus pécher, nous assure qu’il y a « plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion » (Lc 7, 15) ; Lui le cœur pur, l’agneau sans tache immolé pour nos péchés, Lui le Prince de la Paix qui nous donne sa Paix comme premier don de sa résurrection dès le matin de Pâques ; Lui persécuté pour la justice seul Juste toujours parfaitement accordé à la volonté de son Père, a été insulté, jugé, condamné et mis à mort, cloué sur une croix comme un criminel sur de faux témoignages? comme l’ont été avant Lui nombre de prophètes.
Le disciple n’est pas plus grand que le Maître ; si Jésus a connu des épreuves, nous aussi, nous n’y échapperons pas. Mais avec Le Seigneur dans notre barque, nous sommes sûrs de parvenir à bon port jusqu’à la félicité céleste. « Je ne vous promets pas le bonheur de ce monde mais de l’autre, » a dit la Vierge Marie à la voyante de Lourdes, Sainte Bernadette.
Seigneur Jésus, donne-nous de marcher à ta suite sur le chemin du bonheur, celui de la vie éternelle en vivant jour après jour comme Toi de l’esprit des Béatitudes. Viens-nous redire : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain ; demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. » Nous Te prions pour notre jeunesse que nous avons contribué à égarer avec toutes nos grandes idées et nos théories fumeuses qui nous ont conduits à Te bannir de nos vies. Pardonne-nous, Seigneur, nos manquements envers Toi. Pardonne-nous nos trahisons, nos rebellions, notre ingratitude. Seigneur, réveille ta vaillance et viens-nous sauver !





